Biodiversité, ce trésor méconnu (3/3)

La biodiversité concerne les espèces, leurs variations génétiques et… Et quoi encore? Ah oui, la diversité des écosystèmes. C’est quoi ça, au juste? La notion d’écosystème se résume par une simple équation:

écosystème = biotope + biocénose

Ne nous voilà guère avancés, me direz-vous. Certes. Bon, le biotope, c’est un lieu de vie. Les limites d’un biotope se définissent par ses caractéristiques abiotiques (i.e. qui ne sont pas issues du vivant), c’est-à-dire  physiques et chimiques. Ces caractéristiques sont plus ou moins uniformes sur la superficie du biotope. Cette définition permet différentes interprétations. Par exemple: la forêt d’Anlier est un biotope. De même, une souche d’arbre mort est un biotope.

Cet effet de zoom est également valable pour la biocénose. La biocénose, c’est l’ensemble des êtres vivants qui coexistent sur un biotope donné, ainsi que les interactions entre ces êtres. Les interactions sont envisagées entre individus de la même espèce (les relations intra-spécifiques) et entre individus d’espèces différentes (les relations inter-spécifiques). Par exemple: pour le biotope “souche d’arbre en forêt d’Anlier”, nous observons une famille de musaraignes et une dizaine d’araignées de la même espèce. La biocénose concerne évidemment tous ces individus plus les êtres vivants qui sont présents, mais pas répertoriés. La biocénose concerne aussi l’organisation de la famille des musaraignes (leurs interactions, leur organisation sociale, leurs habitudes…), ainsi que la relation prédateur-prédaté entre les musaraignes et les araignées.

Importé sur Commons par Salix. Sur Flikr par Polandeze, CC BY 2.0

Donc, la notion d’écosystème peut s’entendre à un niveau géographique étendu (la forêt d’Anlier et tous les individus qui la fréquentent et qui interagissent en son sein) ou restreint (la souche d’arbre  et tous les individus qui la fréquentent et qui interagissent en son sein).

Prenons un peu d’altitude: la forêt d’Anlier se présente à nous comme une mosaïque de lieux de vie: des pessières mono-spécifiques, des fonds de vallée ouverts à végétation basse, des étangs, des clairières, des hêtraies matures, des parcelles variées en cours de redémarrage suite à une coupe à blanc…). Nous y voyons, de fait, pas mal de diversité. Chaque élément de cette mosaïque est un écosystème en soi. Il est cependant relié aux autres éléments. Ensemble, ils forment le vaste écosystème: “la forêt d’Anlier”.

Cette mosaïque diversifiée constitue les habitats naturels de la flore et de la faune sauvages et spontanées, des sites de reproduction, des sites de nourrissage, des sites de repos et d’abri, ainsi que des espaces de déplacement de la faune sauvage ou de la dispersion de la flore. Autrement dit,  la diversité des écosystèmes est une des conditions qui permet:

  • la diversité des espèces et des gènes
  • la réalisation des activités vitales aux êtres vivants (se reproduire, se nourrir, s’abriter, se reposer, se déplacer…)
Jeune chevreuil à la recherche de nourriture, au printemps

Le chevreuil est un animal sauvage emblématique de notre belle région. Au printemps, la femelle met bas dans une clairière à végétation haute. Quand le chevreuil se repose, il crée une couchette confortable, à l’abri d’un petit arbre. Pour se nourrir, il se déplace au gré des saisons. Au printemps et en été, le chevreuil consomme des bourgeons puis des feuilles d’une grande diversité (encore!) de feuillus. Il apprécie aussi les graminées, et quelques dicotylédones (plantes à fleurs). En hiver, il mange volontiers des ronces, de la callune. En cas de disette, il se nourrit de l’écorce tendre des jeunes arbres. On comprend aisément que le chevreuil tire parti d’un écosystème varié, étendu, qui présente ces différents types de faciès. En retour, le chevreuil met une certaine pression sélective sur les espèces qu’il consomme. Il est lui-même consommé par des prédateurs ou des organismes nécrophages après sa mort. Il est en liaison avec diverses espèces de la faune et de la flore.

Nous voyons se dessiner l’importance de la diversité des écosystèmes pour le maintien des espèces de la faune et de la flore, et donc de la résilience des écosystèmes. Mais il y a plus: ces écosystèmes rendent de nombreux services… à ses occupants et à l’homme!

Quand il s’agit de l’homme, nous donnons un nom à ces services: les services écosystémiques. Nous y reviendrons dans un prochain épisode ;=)