Fresque quotidienne

Si les habitudes nous permettent d’être rassurés et nous apportent un certain sentiment de sécurité, elles ont pour effet moins bénéfique de nous endormir sur ce qui gravite autour d’elles. C’est ainsi, que nous pouvons passer une quantité de fois devant des scènes de la nature sans même être interpellés par la beauté et la singularité de celles-ci.

Affûter notre regard et notre esprit permet une réelle connexion avec non pas la nature qui nous entoure mais la nature au sein de laquelle nous évoluons. Étant enfant, rien que l’idée de la cabane dans les arbres faisait office de réveil les matins d’été. Retrouver cette âme d’enfant, regarder ce qui nous entoure, prendre un autre chemin poussé par notre curiosité… permet très souvent de sourire ou d’être émerveillé.

Crédit photo : Laloy Florian

Pendant des années je suis passé, comme beaucoup, à côté d’un endroit magnifique et insoupçonné. Pris en enclave entre l’E411 et le chemin de fer d’un côté et la N40 en direction d’Habay, les marais de Heinsch sont un morceau saisissant de notre planète.

Ce genre de bas-marais alcalin est quasi-exclusivement présent en Belgique sur le territoire d’Arlon. Cela ajoute une notion de responsabilité à l’intérêt que nous devons porter à cette partie de nature. Cette tourbière de plus de 3000 ans regorge d’une biodiversité hors du commun et est encore très bien préservée, notamment grâce aux actions de Natagora. Comme locataires, on y trouve : Bécasses des marais, Bruant jaune (Photo ci-après), couple de grands-corbeaux, grand cormoran, Sitelle torchepot, Geai des chênes…

Peu de lieux sont aussi proches, à l’heure actuelle, de ce qu’a pu être le déroulement du début de la vie. Au-delà de leur beauté et de leur pouvoir tout particulier de donner la vie, les tourbières sont essentielles pour la préservation de la nature, surtout en cette époque, alors que notre planète vient d’entrer dans cette période qu’est l’Anthropocène. En effet, même si les tourbières émettent du méthane, elles sont néanmoins de véritables pièges à CO2.

Bruant jaune (Emberiza citrinella) - Crédit photo : Graisse Julien

La perte de seulement 1 % des sols tourbeux restants représenterait entre 40 et 50 % des émissions annuelles de carbone anthropique. « C’est important, car si [les tourbières] arrêtaient de stocker du carbone et que celui piégé depuis des centaines d’années se retrouvait libéré, les conséquences seraient dramatiques pour le climat. Heureusement, la nature est bien faite et les tourbières sont des écosystèmes résilients, si on les laisse tranquille », insiste Vincent Jassey.

Ces écrins de vie sont de plus en plus menacés par l’homme et ses activités, les drainages pour agrandir des zones agricoles, les feux destructeurs… Les découvrir de ses propres yeux est une des clés pour comprendre pourquoi il est vital de les préserver.

Des visites guidées de ce lieu unique et magique peuvent être organisées sur simple demande par mail à serge.raucq@obse.be

Plongeons nous dans l’histoire d’une tourbière, sa complexité et sa fragilité avec une petite vidéo :