Une plante invasive : la balsamine de l’Himalaya
Isabelle Hennico | Publié le |
Les plantes invasives (1/3)
Trois articles de l’ObsE seront consacrés à un sujet nous tenant à coeur : les invasives.
Saviez-vous que les invasives peuvent êtres des animaux, des champignons ou encore des plantes?
Avant toute chose, il convient de distinguer une espèce envahissante d’une espèce invasive. Une espèce invasive est une espèce exotique (non indigène) colonisant son nouvel habitat. L’envahissante, quant à elle, est indigène et colonise son aire de répartition naturelle.
Wolfgang Nentwig mentionne dans son excellent ouvrage Espèces invasives qu’il y a eu une recrudescence d’invasives au début du 16e siècle, provoquée par les mouvements entre les pays. Ce phénomène est de fait intimement lié à la mobilité et à la globalisation. Beaucoup d’invasives transitent de manière volontaire ou involontaire notamment via le transport de biens et de personnes.
L’horticulture est également un autre facteur de dispersion. Pensons à l’arbre à papillons (Buddleja davidii), une plante invasive dont la vente est malheureusement légale en jardinerie. Beaucoup d’invasives proviennent des pays chauds et les changements climatiques en cours leur sont malheureusement de plus en plus favorables.
Selon Nentwig, les invasives s’installent suivant quatre phases. Dans la première phase, seuls quelques individus sont présents. Dans la phase suivante, la population augmente légèrement. La phase 3 est celle de l’invasion : la population augmente et le territoire touché par l’invasion également. La saturation est la 4e phase : tous les habitats qui pouvaient être colonisés le sont désormais. L’espèce invasive ne peut plus s’étendre.
Les dégâts sur les espèces indigènes sont importants et les dégâts économiques également. Mais le principal danger est la perte de biodiversité. En effet, les invasives ont tendance à homogénéiser plus ou moins rapidement les paysages. Les invasives portent parfois atteinte à la santé humaine comme par ex. la berce du Caucase qui peut occasionner de fortes brûlures (Heracleum mantegazzianum). Cette grande plante est présente en Commune d’Arlon. Nous vous la présenterons prochainement dans un prochain article de l’ObsE.
Aujourd’hui, focus sur la balsamine de l’Himalaya (Impatiens glandulifera), une fleur particulièrement esthétique fleurissant de juillet à octobre. Cette plante entre dans « Liste d’espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne ». La balsamine de l’Himalaya est sur liste noire et est classée A3 selon le protocole ISEIA. Sa classification signifie qu’elle est à la fois très répandue sur le sol belge et très nocive pour l’environnement.
Sa beauté a fait son succès… Elle est également très mellifère et attire les insectes pollinisateurs. Ces derniers délaissent alors les autres plantes.
Son mode de reproduction est particulier. Comme d’autres balsamines, à l’automne, la capsule arrivée à maturité, éclate au moindre contact et s’enroule. Les graines sont alors projetées assez loin favorisant la dispersion de la plante. La balsamine de l’Himalaya envahit également les cours d’eau ce qui s’avère problématique à de nombreux endroits. Certaines berges sont en effet remplies de balsamines, ce qui en favorise encore plus la dispersion..
Avant floraison, la plante peut passer inaperçue car elle se mêle facilement à la végétation environnante. En fleur, la plante est très reconnaissable. La fleur est (souvent) rose fuchsia et possède un large casque et un éperon courbé tirant sur le vert. On remarque également la grande taille de la plante : à maturité, elle peut atteindre 2m50 de haut.
Contrairement à d’autres plantes invasives (à l’ObsE on pense particulièrement à la renouée du Japon (Fallopia japonica) plante ô combien difficile à déraciner), les racines rudimentaires d’Impatiens glandulifera facilitent grandement l’arrachage. Attention à éliminer correctement la plante afin de ne pas la disperser!
A noter que la fleur balsamine de l’Himalaya peut également être de couleur blanche.
Vous avez vu des balsamines de l’Himalaya dans la Commune d’Arlon ? Si oui, n’hésitez pas à nous le signaler. Envoyez-nous un mail contenant une photo ainsi que la localisation précise de la plante. Une seule adresse: sentinelles@obse.be
Merci beaucoup ! A l’ObsE, nous sommes convaincus que (re)connaître les plantes invasives c’est déjà lutter contre leur propagation.