Une plante invasive : la renouée du Japon
Isabelle Hennico | Publié le |
Les plantes invasives (2/3)
Lors du précédent article de l’ObsE, nous vous avons fait une présentation générale des espèces invasives et nous vous avons décrit une première plante invasive : la Balsamine de l’Himalaya.
Cette semaine, le 2e volet sera consacré à la renouée du Japon (Fallopia japonica).
Elle figure au palmarès des espèces les plus invasives et est classée A3 selon le protocole ISEIA (à la fois très répandue sur le sol belge et très nocive pour la biodiversité).

L’Observatoire de l’environnement connaît bien cette renouée. Certains de nos chantiers citoyens à la Coulée verte (Arlon) lui sont d’ailleurs consacrés. Si vous nous suivez sur Facebook ou recevez nos newsletters, vous savez que nos membres se réunissent les 4e dimanches du mois au matin (sauf en hiver) afin de procéder à son arrachage. Le site de la Coulée verte est particulièrement vulnérable car les renouées du Japon se situent sur les berges de la Semois et pourraient lors de crues coloniser facilement les zones situées en aval.
Cette plante originaire d’Asie se rencontre à d’autres endroits de la Commune d’Arlon : près de l’ancien parc à containers, au Parc Gaspar, sur la pelouse de l’Eglise Saint-Martin… La plante affectionne particulièrement les friches et les endroits non entretenus. Elle peut tout de même se retrouver à coloniser des jardins de particuliers!

Si vous êtes un peu attentifs, vous la remarquerez très souvent autour de vous.
La plante est jolie et d’apparence exotique. Certains fleuristes l’utilisent dans certaines compositions florales ce qui peut contribuer encore à la disperser. L’ObsE a contacté en 2021 les fleuristes de la Commune d’Arlon ainsi que les représentants des fabriques d’Eglise. Une fiche informative de la Région wallonne leur a été transmise à chacun en même temps qu’un courrier.
Mais le principal mode de dispersion de la renouée du Japon est sa présence dans les terres de remblai. La plante est une vivace dont le système racinaire est impressionnant : la renouée du Japon possède des rhizomes pouvant atteindre deux mètres de profondeur. Les fleurs donnent des graines qui sont heureusement stériles sous nos contrées. Néanmoins la plante se reproduit par mode végétatif : chaque morceau de rhizome ou de tige suffit à regénérer une nouvelle colonie de plantes. La renouée du Japon peut parfois pousser en bordure de rivière et dès lors, des morceaux de plantes peuvent être emportés plusieurs kilomètres en aval lors de crues. Les inondations belges de juillet 2021 ont donc malheureusement contribué à la propagation de cette invasive.
Des moyens d’éradication existent toutefois et diffèrent suivant le budget alloué et la nature du sol. Si les moyens financiers sont conséquents et si le terrain le permet, il est possible d’arracher la terre sur deux mètres de profondeur au moyen de pelleteuses. Mais il faut traiter la terre arrachée car la transporter ailleurs contribuerait à créer de nouveaux spots de renouée.
Une autre solution consiste de procéder à un arrachage manuel sur plusieurs années afin d’affaiblir la plante. Ensuite une bâche épaisse en EPDM est placée sur le site. De nouvelles plantes concurrentes peuvent ensuite être plantées sur la bâche.
Il est possible de simplement faucher la plante afin d’en limiter la propagation. Les déchets sont laissés in situ. Il ne faut en aucun cas considérer les déchets de tonte de renouées comme de simples déchets verts à composter! Il convient même de nettoyer soigneusement les outils ayant servi à l’éradication des renouées… C’est dire à quel point la plante est invasive! A noter qu’une fois les plants séchés, le mode de reproduction végétatif est inhibé.
D’aucuns ont tenté également de limiter la propagation de renouées du Japon en mettant des moutons ou des chèvres. Cette solution semble intéressante mais elle ne peut évidemment pas être mise en place sur tous les sites et nécessite par ailleurs de s’occuper des animaux en toutes saisons (nourriture, accès à l’eau, prédateurs…). Même si l’idée semble intéressante, l’ObsE n’a jamais eu les moyens financiers et humains pour tester cette solution.

A la Coulée verte, après discussion avec la Ville d’Arlon et le Contrat de Rivière Semois-Chiers asbl, nous avons choisi la solution suivante : arrachage de la renouée pendant plusieurs années afin d’affaiblir la plante. Nous avons décidé de ne pas placer de bâche EPDM afin de ne pas tuer la vie en dessous de la bâche.
Par la suite, nous avons replanté de nouvelles plantes locales (des herbacées, des arbustes et des arbes) afin qu’elles entrent en concurrence avec la renouée. En novembre 2021, en partenariat avec la Ville d’Arlon, l’ObsE a planté 155 arbustes. Nous planterons encore des petits fruitiers à l’hiver 2023 dans une autre zone de la Coulée verte.
La renouée du Japon est un problème pour la biodiversité. Il est vraiment important de la reconnaître afin de ne pas la disperser par méconnaissance et d’en limiter la propagation.



Et vous, avez-vous rencontré la renouée du Japon en Commune d’Arlon? Envoyez-nous un e-mail contenant une photo ainsi que la localisation précise de la plante.
Une seule adresse: sentinelles@obse.be